Qui connaît la Biélorussie, ce petit pays coincé entre la Russie et la Pologne aux portes de l’Europe souvent qualifié de « dernière dictature soviétique d’Europe » mais qui ces derniers temps est devenue le théâtre de manifestations sans précédant
Loin des feux des médias cette petite république subit depuis 26 ans la dictature sans nom du président Lukachenko en place depuis la chute du mur en 1991.
Des prisonniers politiques par centaines, des fraudes électorales à répétition, une société civile bâillonnée et des atteintes constantes aux droits de l'homme, la Biélorussie semble bien être le seul pays de l’ancien bloc soviétique à être complètement passé à côté de la transition démocratique.
Afin d’asseoir son pouvoir, Loukachenka, président fantasque, n’a pas hésité pas à utiliser la nostalgie de l'URSS dont il se veut l'héritier. De fait, la Biélorussie vit toujours à l'heure soviétique avec ses kolkhozes et ses entreprises d’État.
Ici le temps semble s'être arrêté : avenues gigantesques, statues de Lénine ou de Staline à chaque coin de rue, fervents patriotes rejouant année après année les grandes batailles de l'armée rouge dans le complexe « Staline Line », un musée à ciel ouvert dédié aux grandes heures du communisme,
Pourtant des poches de résistance subsistent notamment dans la jeune génération underground. Face à l’impossibilité de mettre à bas ce régime tyrannique, face à la peur qui domine leur vie, beaucoup de jeunes ont fuit leur pays pour la Pologne voisine, c’est le cas de Valentina, Julia, Hanna, Bohezina, alicia, micro cobaque, alexandr, pavel, pamedor, alessia et d’autres encore.
Car la Pologne c’est déjà l’Europe, la démocratie et surtout la liberté d’expression. Ici les jeunes biélorusses peuvent enfin respirer, et s’émanciper du passé soviétique, triste et gris, dans lequel ils ont baigné toute leur vie mais qui n’a aucun sens pour eux. Nés après la perestroïka ils n’ont jamais connu l’URSS et refusent en bloc ces valeurs du passé.
Ce projet photographique prend donc la forme de diptyques associant de jeunes biélorusses underground ayant fuit leur pays pour la Pologne à des photos de symboles du communisme prises en Biélorussie. Ce travail vise ainsi à mettre en avant le fossé entre une génération et un régime tournés vers le passé et les chimères soviétiques et une jeunesse anti système, anarchiste, punk ou hippies résolument tournée vers l’ouest et dont la vision de monde est à l’opposé de celles prônées dans leur pays.
Parmi ses « exilés » beaucoup ont encore peur, notamment d’être surveillés depuis la Biélorussie, néanmoins tous ont foi en le futur et beaucoup tentent de se battre depuis l’extérieur. Avec la multiplication des manifestations contre le régime de Loukashenko, du jamais vu en Biélorussie qui a toujours été un pays « sage », beaucoup reprennent courage et espoir et tous sont convaincus que les évènements récents vont faire bouger les choses dans un sens ou dans un autre.
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